Être capable de communiquer avec efficacité et clarté est essentiel pour tous les professionnels qui travaillent dans le domaine de la science. La vulgarisation scientifique (ou communication scientifique) a pour objectif d’expliquer les travaux de recherche non seulement au grand public, mais également auprès des institutions et de potentiels financeurs (entreprises, mécènes). Autrement dit, partager la connaissance permettra à vos interlocuteurs de mieux comprendre les applications pratiques et concrètes de vos travaux scientifiques.
Un constat s’impose : avec une information omniprésente au quotidien (on parle d’infobésité), difficile d’arriver à être visible et à rendre son message accessible. Encore plus pour les scientifiques ou les personnels issus des milieux de la santé et de la technologie qui étudient des matières techniques avec un jargon difficile d’accès !
Pour y arriver, il faut être méthodique et se rappeler sans cesse ce qu’écrit Bernard Weber dans l’Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu (1992). « Entre ce que je veux dire, ce que je pense dire, ce que je sais dire, ce que je dis, ce que mon public entend, ce qu’il écoute, ce qu’il comprend, ce qu’il admet, ce qu’il retient et ce qu’il répétera », il y a une perte de 90% de message. C’est dire l’importance des 7 conseils que nous allons vous présenter.
Vous n’êtes pas convaincu ? Voici quelques chiffres pour appuyer nos propos (Source : Hootsuite) :
- 5h34 : c’est le temps que nous passons par jour sur Internet. C’est moins que la moyenne mondiale (6h58), mais c’est un chiffre en constante augmentation
- 19h00 : c’est le temps que nous passons chaque mois sur Facebook.
- 24h00 : c’est le temps que nous accordons aux vidéos chaque mois sur Youtube
- 5h30 : c’est le temps que nous passons chaque mois à regarder des Tweets
- 1 minute : avec ce laps de temps, 6 millions de recherches sont réalisées sur Google, 347 000 tweets sont envoyés, 104 heures sont passées en visio sur Zoom.
Vous l’avez compris : la vulgarisation scientifique est une technique essentielle dans vos métiers !
Mais souvent, vous n’avez ni le temps, ni le recul, ni les compétences pour y arriver. Encore plus aujourd’hui où les outils sont nombreux (articles, infographies, vidéos, présentations, site internet…) et les méthodes différentes. Vous êtes convaincu qu’il faut communiquer, mais ne savez pas comment ?
C’est normal et vous êtes sur la bonne page.
C’est là que nous intervenons avec 7 conseils stratégiques à appliquer immédiatement pour avoir une communication scientifique qui soit à la hauteur de vos ambitions et de votre image !
Quel est l’intérêt de la vulgarisation scientifique ?
- La vulgarisation scientifique permet aux scientifiques de partager leurs découvertes avec un public plus large et ainsi d’accroitre leur notoriété.
- La diffusion scientifique permet de faciliter un dialogue entre les scientifiques et le grand public et de promouvoir une meilleure compréhension des sciences. Là ou en théorie, les articles et avancées ne sont partagés que dans des revues scientifiques.
- Elle peut également encourager les jeunes à devenir des scientifiques et à s’intéresser aux sciences, ou encore de permettre à de futurs collaborateurs de mieux connaître la marque « employeur » (en ce sens, vous pouvez regardez les vidéos du CNRS).
- Trouver des financements hybrides : de plus en plus d’appels à projets intègrent une dimension de « vulgarisation et diffusion de la connaissance ».
- Occuper de nouveaux territoires et créer des synergies qui croisent les compétences (« cross disciplinary project »).
La vulgarisation scientifique est donc un outil essentiel pour encourager un débat et une compréhension plus profonde des sciences.
Conseil 1 : Faites un état des lieux des moyens et ressources à disposition
Si vous souhaitez perdre du poids, vous faites nécessairement un état des lieux de la situation et fixez des objectifs en fonction des moyens, des ressources et du temps que vous avez. Au sein de votre équipe, de votre laboratoire de recherche ou de toute entreprise, c’est exactement le même fonctionnement. Et pour cela, nous vous proposons une méthode simple : le triangle des ressources.
- Ressources humaines : au sein de votre équipe, qui est compétent pour faire de la communication et mener de manière régulière et récurrente des actions de communication scientifique ? Attention, nous ne parlons pas de la/le secrétaire de laboratoire qui se retrouve généralement débordé-e avec les problématiques administratives, les bons de commande, etc… ni même du chercheur qui publie de temps à autre un tweet. Il faut ici une personne qui assure un travail de manière régulière avec une réflexion de fond.
- Ressources techniques : avez-vous du matériel pour tourner des interviews, monter des vidéos ? À ce titre, nous vous conseillons de lire notre article sur les vidéos scientifiques ; êtes-vous formé pour faire de la communication ? Pour discuter avec la presse ? Pour écrire sur les réseaux sociaux ? Pour entretenir votre site internet ? Pour envoyer des newsletters ?
- Ressources financières : souhaitez-vous allouer des moyens pour développer votre communication ? Si vous n’avez ni les ressources humaines, ni les ressources techniques, il faudra déléguer vos actions si vous souhaitez un rendu professionnel. Et à ce titre, n’oubliez pas, lorsque vous faites de la communication, vous ne réalisez plus votre métier de base, autrement dit de la science et vous perdez probablement du temps, car vous n’avez pas l’habitude.
Conseil 2 : Travaillez autour de votre vision et expliquez vos valeurs !
Cela paraît si évident qu’aucun des laboratoires, instituts de recherche ou entreprises dans le domaine scientifique ou médical ne réalise réellement cette étape. Et pourtant, c’est un préalable incontournable pour réussir sa communication. Qui êtes-vous ? Que faites-vous ? Apprenez à définir votre ADN en vous basant sur :
- Des caractéristiques tangibles : ce que vous proposez, vos recherches, vos connaissances, votre équipe.
- Des caractéristiques intangibles : votre histoire, vos valeurs, vos inspirations et votre vision.
Pour cela, misez sur un exercice simple : reprenez les termes présentés et laissez votre équipe s’exprimer autour de cela (méthode des post-it). Vous allez certainement des surprises. Cet exercice fonctionne également à titre individuel. Vous pouvez vous appuyer sur un Ikigai de marque que nous vous présentons ci-dessous :
Conseil 3 : Nul vent favorable pour celui qui ne sait où il va.
Vous avez désormais connaissance de vos ressources (étape 1) et vous savez qui vous êtes et ce que vous souhaitez. Place à vos objectifs. Plusieurs méthodes sont à votre disposition : la méthode SMART ; la méthode QQOQCCP ou encore la méthode des 5W.
La technique des 5 W
WHO : à qui est destinée votre communication ? Avez-vous travaillé vos cibles ? (Pour cela, prenez une feuille et écrivez sur vos publics : leurs envies, les mots qu’ils emploient, leurs comportements …). Et notre conseil en plus : à chaque cible un message particulier.
WHAT : de quoi allez-vous parler ? Que souhaitez-vous transmettre ? Et est-ce en adéquation avec votre positionnement (étape 2 : quel est mon ADN ?). Ici, soyez humains : la vie de votre laboratoire, l’avancée de vos recherches, le fonctionnement d’une étude scientifique… Et notre conseil en plus : ne communiquez pas seulement sur vos résultats.
WHEN : quand allez-vous adresser votre message ? Mettez un calendrier éditorial en place sinon vous ne tiendrez jamais le rythme ! Et notre conseil en plus : soyez régulier.
WHERE : quel outil allez-vous utiliser ? Quel support ? Les réseaux sociaux ? Votre site internet ? Une page personnelle ou professionnelle ? Un congrès ? Et notre conseil en plus : ne courez pas plusieurs lièvres à la fois.
WHY ? Quelle réaction souhaitez-vous obtenir en communication scientifique ? Quel est votre objectif ? Trouver des financements ? Travailler votre image de marque ? Informer vos collaborateurs ? Et notre conseil en plus : vous ne pourrez pas répondre à tous les objectifs en une seule action de communication.
Conseil 4 : Définissez votre ligne éditoriale pour partager du contenu régulièrement
Cette étape est souvent celle qui impressionne le plus. Pour faire simple, c’est l’image que vous souhaitez dégager. Autrement dit, votre ligne éditoriale se retrouve dans chacune des actions de communication scientifique que vous allez mener !
- Votre proposition de valeur (ou USP : Unique Selling Proposition) : nous devons la retrouver comme base de chacune de vos actions. Si vous êtes spécialisé dans la cosmétique, travaillez une image d’expert autour de cet univers.
- Objectifs : rappelez-vous l’étape 3. Soyez SMART, un seul objectif à la fois. Sauf si vous avez des ressources infinies.
- Cibles : qui est votre public ? Qu’est-ce que vous attendez comme réaction ? Définissez vos personae.
- Promesse : qu’est-ce que vous offrez ? Pourquoi ont-ils intérêt de suivre vos recherches. En bref, qu’est-ce qui fait que l’on vous écoute et que l’on vous fera confiance ?
- Rubriques : vous n’allez pas toujours parler des mêmes sujets. Il faut donc penser à une rotation des rubriques. Parlez de votre laboratoire, puis de votre équipe, puis de vos recherches, puis d’une collaboration…. Et recommencez ! C’est un cercle vertueux et itératif.
- Tonalité : quelle âme souhaitez-vous dans vos contenus ? Un ton professionnel probablement, mais attention, le ton impactera également le media de diffusion. Si vous visez les réseaux sociaux, soyez accessibles !
- Répétition : quelle fréquence de publication souhaitez-vous ? Attention, c’est la clé pour répondre aux exigences de vos cibles ! Ne soyez pas trop ambitieux, mais dans le même temps, ne misez pas seulement sur une ou deux actions de communication par mois. Cela sera insuffisant si vous souhaitez vous faire connaître rapidement.
Nous espérons désormais que vous comprenez l’intérêt de l’étape 1, à savoir, faire un état des lieux des ressources. Cela vous aidera à être au plus près de la réalité pour porter vos actions de communication scientifique.
Conseil 5 : Misez sur du storytelling et racontez une histoire
C’est souvent une étape qui paraît impensable pour les scientifiques qui ont une vision cartésienne et basée sur les faits. Pour autant, le storytelling est un moyen ultra puissant pour délivrer des messages. Mais d’ailleurs, c’est quoi le storytelling ? Pour faire simple, c’est l’art de raconter des histoires. Dans l’imaginaire collectif, histoire veut dire mensonge. Chez Perceptiom, histoire veut dire « délivrer des émotions pour offrir de la puissance à votre message ».
Pour y arrivez, misez sur ce tryptique :
- PATHOS : il constitue 65% de votre message. Faites appel à l’histoire de votre laboratoire, à la complexité de mener des études en milieu extrême si vous êtes un scientifique, spécialiste de l’altitude.
- LOGOS : il constitue 25% de votre message. Ici, vous utiliserez des moyens de persuasion qui sont la logique, les données et les statistiques. Généralement, les scientifiques n’ont pas trop de difficulté à cocher cette étape. Cependant, soyez modérés : ne noyez pas vos publics dans des suites de tableaux et de statistiques, que vous seul comprenez.
- ETHOS : il constitue 10% de votre message. Parlez ici de votre crédibilité et de vos accomplissements. Autrement dit, on parle de preuve sociale. Qu’est-ce qui va venir appuyer et légitimer vos propos ? Mettre en avant les revues scientifiques dans lesquelles vous avez publié ; les relations presse avec les journalistes scientifiques.
Pour cela, il vous faudra trouver les bons relais et identifier les partenaires pour diffuser l’ensemble du contenu. N’hésitez pas à nous contacter.
Conseil 6 : Structurer, Rédiger, Vulgariser
La rédaction de contenus scientifiques accessibles à un public non expert nécessite une structuration précise. Pour garantir la compréhension, évitez le jargon et adaptez la technique de l’entonnoir, démarrant par des concepts généraux avant d’introduire des termes techniques.
Voici un exemple :
Initiez la discussion en évoquant le concept simple d’hérédité : commencez par souligner comment les caractéristiques telles que la couleur des yeux ou la texture des cheveux qui sont transmises de génération en génération. Utilisez des termes accessibles tels que « gènes » pour décrire les unités de transmission d’informations héritées des parents.
Introduisez ensuite le rôle fondamental de l’ADN, comparant cette molécule à une recette qui détermine les traits héréditaires. Évitez le jargon technique au début, optant plutôt pour des métaphores simples pour décrire les bases moléculaires de l’hérédité.
Enfin, expliquez comment les mutations génétiques peuvent entraîner des variations et des traits uniques, en utilisant des cas concrets. Cette progression, de l’hérédité à la molécule, permet de rendre la génétique accessible à un public qui peut ne pas avoir de connaissances préalables dans le domaine.
Misez sur une connexion émotionnelle
Au-delà de la simple transmission d’informations, la vulgarisation scientifique aspire à établir une connexion émotionnelle avec le public. L’intégration d’éléments émotionnels rend les sujets scientifiques plus accessibles. Imaginons une histoire inspirante sur la découverte d’un médicament, mettant en lumière le dévouement des chercheurs, les défis surmontés, et l’impact positif sur la vie des personnes. En suscitant des émotions, la science devient non seulement compréhensible, mais aussi mémorable.
Être Concret : L’art de la démonstration
Utilisez des échantillons, des maquettes ou des démonstrations pour illustrer vos propos. Pour expliquer les principes complexes, utilisez des expériences simples. Par exemple, employez des balles représentant des particules subatomiques pour illustrer la superposition et l’intrication. Ces démonstrations concrètes facilitent la compréhension des concepts fondamentaux de la physique quantique, rendant ainsi cette discipline fascinante plus accessible à un public non spécialisé.
Conseil 7 : Inspirez-vous des ouvrages de vulgarisation scientifique
Il ne s’agit ici que de quelques idées qui vous aideront à comprendre les techniques de transmission des savoirs. Appuyez-vous également sur les revues de vulgarisation pour vous inspirer.
Cultivez votre Éloquence avec TED – Carmine Gallo
Décryptant des centaines de conférences TED, Carmine Gallo partage neuf secrets pour une présentation marquante. Sa méthodologie, issue d’entretiens avec des chercheurs renommés, dévoile les clés d’une communication persuasive et mémorable. Un must-have pour les termes techniques.
Guide du Copywriting – Selim Niederhoffer
Face à une attention de huit secondes, ce guide explore comment percer le tumulte numérique. Comment rédiger un message qui se démarque dans une boîte mail saturée ? Comment être un rédacteur hors pair ? Niederhoffer propose des stratégies pour capter l’attention et rendre la science accessible.
Comment parler à tout le monde ? – Leil Lowndes
Cet ouvrage présente 92 techniques pour une communication efficace. De l’intrigue à la persuasion, Lowndes dévoile des astuces pour paraître sûr de soi, crédible et charismatique dans divers contextes et transmettre avec pédagogie vos propos.
Brèves Réponses aux Grandes Questions – Stephen Hawking
Initiation à la physique contemporaine, Hawking répond de manière concise aux grandes questions. Un must-have en vulgarisation scientifique, abordant le voyage dans le temps, l’existence de Dieu et bien plus.
Mais qui a attrapé le bison de Higgs ? – David Louapre
Le créateur de « Science Étonnante » répond, avec humour, à des questions souvent négligées. De la physique aux mystères quotidiens, son livre est un compagnon plaisant pour comprendre la science.
Ma Thèse en 180 secondes
Alors ce n’est pas un ouvrage, mais comment ne pas parler de ce concours ? Un défi unique pour les doctorants : présenter leur recherche, article scientifique en français, le tout en trois minutes. « Ma Thèse en 180 Secondes » encourage la transmission claire et convaincante des découvertes, renforçant la culture scientifique et rendant la science accessible à tous.
En bonus : Abonnez-vous à notre newsletter
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Ce qu’il faut retenir
La vulgarisation scientifique est un domaine complexe qui demande du temps et de l’énergie. Les sept conseils que nous avons partagés sont actionnables rapidement à condition d’y allouer un peu de temps. Réunissez-vous avec votre équipe une paire d’heures pour travailler ces actions sur papier. Partagez une culture au sein de votre laboratoire, unité de recherche ou entreprise qui vous permettra d’avoir une vision commune. Cela renforcera également la cohésion de votre équipe que de savoir que vous êtes dans le même bateau, prêt à diffuser intelligemment vos recherches scientifiques.
En définitive, ces 7 conseils vous permettront :
- D’accroitre votre image de marque et votre expertise
- D’occuper de nouveaux territoires et trouver des opportunités
- D’améliorer votre marque « employeurs » auprès du personnel et des futurs collaborateurs
- De trouver des financements et développer de nouveaux projets.
Pour passer à la vitesse supérieure et avoir une communication professionnelle et sans tracas, vous pouvez consulter notre blog qui distille conseils et astuces ou alors, mieux, vous faire accompagner. N’hésitez pas à nous contacter.